Nouvelle de L'éclat et l'ombre: Dérobés, délivrés

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir une nouvelle sur un personnage secondaire de mon roman: Vasco. L’action se situe pendant le premier tome, mais il n’est pas indispensable d’avoir lu le livre pour la lire… (même si c’est tout de même mieux!). Pour ceux qui rigolent, dans le fond, à cause du titre: oui, je regarde beaucoup (trop) de Disney.^^

Dérobés, délivrés

Nouvelle qui se déroule peu de temps après l’enlèvement d’Eryn et donc le début du tome 1 de L’éclat et l’ombre. Récit de la découverte du double éclat de Vasco…

La cellule était plongée dans la pénombre. Seule la lueur d’une torche, dans le couloir, permettait aux occupants de se distinguer mutuellement. De toute façon, la plupart étaient trop faibles pour seulement bouger ou parler. Un jeune garçon sanglotait nerveusement, assis dans un coin; les autres s’étaient allongés à même le sol glacé, épuisés.
Ils étaient onze : les survivants d’un groupe un peu plus important, envoyé au palais quelques jours plus tôt. Trois avaient succombé, entièrement vidés de leur énergie. Pour ceux qui restaient, ce n’était plus qu’une question de temps : l’ombre les avait tous gagnés, les dégâts sur leurs corps étaient irrémédiables.
Soudain, un grincement fit sursauter ceux qui conservaient encore un peu de force : des gens approchaient.
Trois personnes vinrent se planter devant la cellule. L’un d’eux s’avança jusqu’à la grille. Il fixa les occupants du regard, l’air effaré devant leur état.
-On va vous aider, murmura-t-il. On va vous sortir d’ici.
Il examina le cadenas, banda ses muscles. Malgré son éclat de force, la serrure résista un moment, mais finit par céder. La porte s’ouvrit.
-Dépêchez-vous, lança-t-il aux prisonniers.
Les deux personnes qui l’accompagnaient se précipitèrent dans la cellule pour aider les plus faibles à se mettre debout. Celui qui avait ouvert la grille s’approcha pour les aider.
-Qui êtes-vous? balbutia une des prisonnières lorsqu’il lui tendit la main pour la relever.
-Juste des gens qui s’indignent de voir le traitement qu’on vous réserve… Je m’appelle Vasco. Nous travaillons au palais… On va vous sortir d’ici.
Le plus silencieusement possible, le groupe remonta le long couloir. Ils se dirigèrent vers l’entrée de service, réservée au personnel. Un garde, assommé et ligoté, était allongé près de la porte.
Lorsqu’ils se retrouvèrent dans la petite cour sur laquelle débouchait le couloir, Vasco respira. Le plus dur était fait… Il ne leur restait plus qu’à traverser la cour, franchir la grande porte dont il avait réussi à dérober la clé, un peu plus tôt dans la journée. De là, le port serait facile à atteindre, un petit bateau les attendait…
Un à un, les jeunes soignants dérobés passèrent dans la rue. Alors que Vasco s’apprêtait à refermer doucement la porte, un cri retentit. Ils étaient repérés.
-Filez! hurla Vasco à ses amis.
Ceux-ci détalèrent, entrainant avec eux les prisonniers. Vasco, de son côté, se pressa de fermer la lourde porte, donna deux tours de clé. Il chercha frénétiquement du regard de quoi se défendre : il savait qu’il ne faudrait pas longtemps aux gardes pour arriver jusqu’à lui. Il avait bien conscience de n’avoir aucune chance de s’en sortir, mais il devait laisser une chance aux autres de s’enfuir.
La porte se rouvrit brutalement, trois gardes la franchirent, épée à la main. Vasco recula précipitamment. Un de ses compagnons avait laissé sa lanterne au sol avant de décamper : il s’en saisit, et la lança de toutes ses forces en direction du soldat le plus proche. Un craquement, suivi d’un hurlement, lui indiqua qu’il avait atteint son but. Le deuxième se jeta sur lui, fendant l’air d’un grand coup d’épée : Vasco se recula, mais un instant trop tard. Une vive douleur au visage le fit crier. Roulant au sol, il sentit du sang couler le long de son visage.
L’instinct de survie prenant le dessus, il se releva et partit en courant, dans la direction opposée au port. Les gardes se précipitèrent à sa suite. Vasco accéléra. Fort heureusement, même à cette heure avancée de la nuit, le quartier était animé, empli de fêtards : dès qu’il eut rejoint l’artère principale, il se trouva mêlé à une foule compacte. Cependant, les gardes le suivaient de près.
Haletant, à bout de force, il tourna derrière une échoppe, s’adossa au mur. À moins d’un miracle, il était foutu… Mais il n’avait plus la force de courir. Au moins, songea-t-il, les autres vont s’en sortir. Je ne vais pas mourir en vain.
Un étrange frisson le parcourut. Quelques secondes plus tard, les soldats déboulèrent dans la rue. Vasco ferma les yeux, attendant la mort.
Rien ne se passant, il rouvrit les paupières. Les soldats s’éloignaient, l’air furieux. Interloqué, Vasco les suivit du regard. Comment avaient-ils pu passer à côté de lui sans le remarquer? Entre ses cheveux d’un roux flamboyant et la blessure sur son visage, il ne pouvait pas passer inaperçu…
Voulant justement évaluer la profondeur de sa blessure, il porta la main à sa joue et se figea. Là où il aurait dû sentir sa barbe, la peau était nue et lisse…
Il s’avança jusqu’à la devanture du magasin le plus proche, observa son reflet dans la vitre. Il en resta bouche bée. Un inconnu lui faisait face.
Il resta à la fois fasciné et inquiet quelques secondes face à cette vision, avant de voir ses traits se déformer, pour reprendre leur apparence habituelle. La fatigue l’envahit alors. Il tituba et s’écroula au sol.
Lorsqu’il reprit conscience, il se trouvait allongé sur un lit confortable, dans une pièce inconnue. Il se redressa vivement. Deux personnes, qui discutaient à voix basse dans un coin de la chambre, se précipitèrent alors à son chevet.
-Doucement, fit l’une d’entre elles, une vieille femme au regard bienveillant.
-Où suis-je? demanda Vasco, grimaçant de douleur. Que m’est-il arrivé?
L’homme aux côtés de la vieille femme prit à son tour la parole.
-Tu es en sécurité. Je t’ai récupéré, mal en point dans la rue. Mais tu vas te remettre. Ta blessure a vilaine allure, mais elle n’est pas critique.
Il sourit à Vasco.
-Quant à ce qui t’est arrivé… Je l’ignore encore exactement. Mais si nous t’avons repéré, c’est que tu as dû te conduire bravement… Une chance que je me sois trouvé à proximité, nous perdons régulièrement de potentielles nouvelles recrues parce que nous arrivons trop tard… Mon nom est Barthel. Et voici Théodée. Nous sommes chez elle.
Vasco toucha son visage, grimaça en touchant sa cicatrice. Il réalisait seulement maintenant la chance qu’il avait eue…
-De nouvelles recrues pour quoi, exactement? Qui êtes-vous?
-Une organisation composée de gens aux talents… particuliers, dirons-nous, répondit Barthel. Talents qui se révèlent lorsqu’on accomplit certaines actions héroïques… Que faisais-tu avant que je te ramasse dans la rue?
-J’essayais d’échapper à… d’anciens collègues, répondit Vasco. Il se passe des choses sinistres au palais royal… J’ai convaincu quelques personnes de m’aider à libérer des prisonniers.
Il soupira.
-J’espère qu’ils s’en sont tirés… J’ai essayé de leur faire gagner du temps.
Il hésita, puis reprit.
-Quelque chose d’étrange s’est produit. Les soldats qui me poursuivaient ne m’ont pas reconnu dans la rue… Moi-même, je ne me suis pas reconnu.
-On parlera de tout ça tranquillement plus tard, répondit Barthel. Pour le moment, l’urgence est de te faire quitter Mesen…
Il sourit.
-Une nouvelle vie t’attend. Bienvenu parmi nous…