Chapitre bonus de L'éclat et l'ombre: Discussion nocturne

J’en avais parlé sur Instagram, vous avez été nombreux à me dire que des nouvelles autour de l’univers de L’éclat et l’ombre vous intéresseraient.
C’est un peu le soucis quand on écrit un livre à la première personne: il y a des choses qu’on ne sait pas… Je vous propose donc de découvrir, régulièrement, des nouvelles et des chapitres bonus. Certaines nouvelles seront totalement déconnectée du roman, ne feront qu’approfondir certaines choses comme le fonctionnement des éclats ; d’autres seront en lien direct avec l’histoire, explorant le passé de certains personnages.
Je vais également en profiter pour placer des illustrations de mes différents personnages, en espérant réussir à tous les dessiner correctement…

Pour commencer, je vous propose un petit chapitre bonus (si vous n’avez pas lu le premier tome de L’éclat et l’ombre, désolée mais ça spoile… et ne présente sans doute pas grand intérêt). Chapitre centré sur le personnage d’Elphège, plusieurs personnes m’ayant signalé qu’elles aimeraient en lire plus sur lui! N’hésitez pas à me laisser votre avis en commentaire!

Discussion nocturne

Ce récit trouve sa place entre les chapitres 22 et 23 du tome 1 de L’éclat et l’ombre. Fin de soirée chez Théodée, la mère de Jessen, avant la mission pour éliminer Kej Raisène…

La nuit était déjà bien entamée lorsqu’Ernance se leva, réprimant un bâillement.
-Allez, je vais me coucher. Une grosse journée nous attend demain…
-Je vais t’imiter, répondit Angélie en repoussant sa chaise elle aussi.
Le reste du groupe les suivit. Seuls Aben et Elphège restèrent assis, chacun un verre encore à moitié plein à la main. Eryn fut la dernière à franchir la porte du salon. Elphège la suivit du regard. Toute la soirée, il l’avait regardée parler, rire. Il avait résisté à l’envie de se rapprocher d’elle, mais en la voyant s’éloigner, il regrettait soudainement son manque d’initiative.
-Elle te plaît, n’est-ce pas? demanda Aben, un léger sourire aux lèvres, interrompant le flux de ses pensées.
Elphège haussa les épaules, un peu mal à l’aise. Mais devant le regard insistant de son ami, il finit par admettre :
-Elle me plaît… beaucoup.
Un silence flotta quelques instants entre les deux hommes. En temps normal, Aben aurait été prompte à se moquer : mais Elphège n’était pas du genre à se confier facilement sur ce genre de sujet, l’occasion était trop belle.
-Ça fait longtemps, non? La dernière fois que je t’ai vu avec une femme remonte au moins à notre dernière mission dans le sud…
-Au moins un an, oui, confirma Elphège. Mais… d’une certaine façon, ça fait même plus que ça. Des femmes de passage, il y en a eu quelques-unes, mais… depuis Liane, aucune qui m’attire comme Eryn aujourd’hui.
Aben se rapprocha.
-Liane… ta femme?
Elphège hocha la tête.
-J’ai l’impression de la trahir chaque fois que je regarde Eryn, avoua-t-il. Elles ont le même regard… la même fougue…
La tristesse voila ses yeux. Aben lui posa une main réconfortante sur l’épaule.Elle ne t’en voudrait pas de refaire ta vie, dit-il à voix basse. Six ans… c’est déjà bien long.
-Ce n’est pas juste ça qui me retient, continua Elphège. Eryn est tellement jeune… je pourrais presque être son père.
-Est-ce vraiment important?
Face au silence d’Elphège, Aben poursuivi :
-Et elle? Je n’ai pas l’impression que ton âge la dérange, vu la façon dont elle te regarde.
Elphège sourit.Non, je ne pense pas. Elle a essayé de m’embrasser, à la Fête de la vie.
-Et tu ne t’es pas laissé faire, sombre crétin?
-Elle était ivre, protesta Elphège. Profiter d’une fille saoule, ça manque singulièrement d’élégance… surtout lorsqu’on souhaite plus qu’une nuit avec elle. Même si je dois admettre que la tentation était forte
Aben acquiesça.
-Et depuis?
Elphège fit un geste vague de la main.
-Depuis… rien. J’ignore si l’alcool est seul responsable de sa tentative ou s’il y a quelque chose à espérer…
Aben soupira, leva les yeux au ciel.
-Tu es désespérant, tu sais.
Il se pencha pour attraper le pichet de bière, remplit leurs chopes. Les deux hommes trinquèrent. -Alors… qu’est-ce que tu attends? Insista Aben. C’est une jolie fille, pleine de qualités… si tu ne te décides pas, un autre risque de te devancer…
Elphège but une longue gorgée de bière, puis reposa son verre. Il réfléchit un moment avant de répondre.
-Honnêtement? J’ai peur, Aben. Pas tellement d’être repoussé, même si je ne me sens pas totalement serein à ce sujet… mais je suis terrifié à l’idée de tout ce qui pourrait lui arriver, une fois ensemble. Vu nos activités, les risques sont nombreux… perdre ma femme a été la pire des épreuves, j’ai cru ne pas y survivre. Je ne pourrais pas encaisser une nouvelle perte. Rien que de l’imaginer partir en mission sans être là pour la protéger… Même pour demain, j’ai peur. Je la sais compétente, mais tellement de choses peuvent mal tourner…Toi, tu as Andréline, bientôt, votre enfant… Tu peux comprendre la peur de voir l’autre partir risquer sa vie.
Aben lui jeta un regard à la fois amusé et exaspéré.
-Donc, si je te suis… tu te fais déjà du souci pour elle, la seule différence, si tu te déclares, c’est que… ah non, tiens. Il n’y a pas de différence.
Elphège sourit devant l’obstination de son ami.
-Tu as raison. Je suis un crétin.
Il termina sa bière d’un trait.
-Je crois que je redoute également le regard des autres membres de la guilde. Et surtout, tu es arrivé à la base après moi. Tu ne m’as pas vu briser les règles, devenir un meurtrier, pour venger mon amour… Si Jessen ou Ernance découvrent mon attirance pour Eryn, je sais qu’ils s’inquièteront. À raison, sans doute. Je n’ai pas envie de subir leur jugement, leurs remarques…
-Ne t’occupe pas de ça, le coupa Aben. Franchement… Même si tu as débloqué à une époque, depuis, tu es sans doute devenu un des membres les plus impliqués dans la guilde, les plus fidèles à Ernance. À la fois un excellent formateur et un combattant des plus efficaces pour tout type de mission. Tu leur as offert plusieurs années de ta vie, dans un total dévouement… Pense un peu à toi. Le temps passe vite…
-Très bien, soupira Elphège. Après la mission… je lui parlerai.
Aben remplit à nouveau les choppes, leva la sienne.
-Trinquons aux femmes que l’on aime…